Derrière le pseudonyme Lyam, il y a Thomas Chevalier. Metteur en scène de formation, il se dévoile ici en tant qu’auteur-compositeur-interprète avec How Everything Starts, un premier album en anglais, fragile et feutré. Rencontre.

 

Dans ses morceaux, les émotions ne s’expriment jamais frontalement. « Je n’arrive pas à dire les choses sans détours», confie-t-il. Le labyrinthe mental évoqué dans la chanson-titre devient un fil rouge : l’intime s’y dessine en creux, à travers les images, les faux-semblants, les récits recomposés. Ce flou est assumé. Lyam cultive une forme de distance, presque protectrice : un pseudonyme anglophone, une langue qui n’est pas la sienne, des paroles qui jouent avec la fiction. Il le dit lui-même : « Rien de très profond derrière ce nom, c’était juste mon pseudo sur internet.» Et pourtant, ce choix en dit long. C’est dans cet espace volontairement flou qu’il parvient à se livrer avec le plus de justesse.

Théâtre d’émotions
Marqué par la culture anglophone (six mois à Londres, des heures passées sur YouTube à regarder des vidéos de réactions musicales comme celles de Zach Campbell), Lyam a trouvé dans l’anglais une langue instinctive, plus fluide que le français.

Ses chansons, comme School Bus ou About Her…, flirtent avec la fiction, tout en restant hantées par des souvenirs personnels. Le bus scolaire devient un théâtre d’émotions à peine déguisées, le décor d’un garçon en lutte avec lui-même. The Love Type romantise des relations qu’il n’avait pas encore vécues : « J’écrivais ce que j’imaginais de l’amour.»

Lâcher prise

Lyam aime créer des paradoxes : dans Break things, il mêle la douceur piano et à la violence criante des majuscules comme une forme de douceur qui se fissure. Kill Myself, dernier titre et point final, a été écrit bien avant les autres. Il y parle frontalement, presque trop maintenant, comme s’il cherchait la cassure après l’élan.

Il dit vivre ses débuts comme un entre-deux : à la fois excité et terrifié. « J’ai trouvé un petit groupe de personnes qui m’écoutent, et j’ai l’impression que mon prochain projet va soit solidifier ce lien, soit m’obliger à tout reconstruire.» Ce qu’il vit est encore chaotique, imparfait, loin du contrôle du metteur en scène. « Mon premier concert, c’était stressant, mais j’ai dû lâcher prise, et c’était adorable. »

Musicalement, l’album mélange pop folk, textures lo-fi et une douceur trompeuse. Il ne revendique pas de genre précis, ce sont les autres qui le classent. Ce qu’il espère ? Que sa musique provoque des images. Il imagine ses chansons comme des clips invisibles, des films à deviner. Et il rêve, pourquoi pas, d’une tournée.

Lyam compare ce projet musical à une forêt. Un lieu à traverser, à écouter, à inventer. Parfois dense, parfois clair. Toujours sincère.

Théo Stauffer