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On le connait surtout au théâtre, à la Comédie Française où il débute sa carrière en 2008, mais personne n’a oublié sa prestation au cinéma dans Le sens de la fête aux côtés de Jean-Pierre Bacri. Prestation saluée par une première nomination aux César. Aujourd’hui Benjamin Lavernhe revient avec un film incroyable et bouleversant  qui sortira en novembre prochain, «En fanfare », où il partage l’affiche avec Pierre Cottin et Sarah Succo. Un long-métrage qui a été présenté en avant-première au Festival francophone d’Angoulême cet été. C’est donc sous le soleil d’Aquitaine que nous l’avons rencontré, adorable.

 

Votre regard sur la jeune génération ?

« Je n’ai pas envie de porter un regard de vieux sur cette génération, parler des portables… C’est une génération différente des autres, quand je la vois, moi je vois l’espoir.. Cela fait écho à l’une des scènes du film lorsque je booste Jimmy sur ce qu’il pourrait faire, lui donner de l’ambition. Il faut tous se destiner, se prédestiner, c’est en essayant que l’on peut voir si les choses nous parlent ou non. Il faut oser, travailler, ne rien s’interdire… »

Votre travail justement…

« Je suis quelqu’un qui travaille beaucoup. Je n’aime pas forcément les réalisateurs trop cool qui te disent après une ou deux prises : « c’est bon j’ai tout ce qu’il me faut ! » J’aime que l’on me pousse au-delà de mes retranchements, que l’on me demande toujours plus. J’aime aussi participer à l’écriture, la réécriture ou l’adaptation d’un texte. Tout au long d’un tournage, j’apprécie de discuter du rôle avec le réalisateur.
Je travaille beaucoup, mais je n’ai pas vraiment une méthode. J’apprends des bouts de textes avant, pendant une semaine par exemple, pour mieux ensuite le digérer et passer à un autre pan du scénario. Ainsi je suis mieux préparé. »

Comment avez-vous attaqué ce rôle de chef d’orchestre…

« Pour ce film, vous faites bien de dire « attaquer », car c’était incroyable de jouer ce personnage ! Mais avec toute cette musique, ces morceaux de musique plutôt (car il y en avait  un certain nombre !), il a fallu beaucoup travailler. Avec Pierre Lottin, à un moment, nous jouons à deux par exemple au piano…
Le tournage n’a duré que sept semaines. Les Américains parleraient, eux, plutôt de deux/trois mois, nous en France, ce sont des tournages plus courts maintenant ! J’ai beaucoup travaillé en amont. Il y a la musique bien sûr, nous avons travaillé avec Michel Pétrossian, même si à la fin, sa musique a été réadaptée. Nous avons aussi collaboré avec un jeune chef du Conservatoire de musique. Car jouer un chef d’orchestre implique quelques petits rituels… Il ne suffit pas d’avoir une gestuelle, la main gauche pour l’émotion, la main droite pour la musique et les notes, mais aussi tout un travail de corps, de port de tête, de prise de l’espace ! »

Vous avez été de nombreuses fois nominé, que ce soit pour les César ou pour les Molière, vous nous le décrochez quand ce prix ? C’est frustrant !..

« Ah ah ah, je suis heureux que vous soyez frustrée par ça. !… Plus sérieusement, non ça va, j’ai encore le temps… Regardez Léonardo di Caprio qui a reçu son premier Prix à plus de 40 ans ! (Rires) Non mais en vérité, c’est très plaisant de voir que l’on est nominé aux côtés d’autres artistes… Il y a eu même quelques fois où j’étais soulagé de ne pas l’avoir eu car je n’aurais pas su quoi dire une fois sur scène… »

Vous avez énormément de films et pièces de théâtre derrière vous déjà… Entre le théâtre, la TV, le cinéma votre cœur balance toujours ?

« Oui, on me pose souvent la question de savoir ce que je choisirais, mais je ne veux pas le faire. J’ai ce loisir-là de ne pas devoir absolument choisir car je suis sociétaire de la Comédie Française, c’est mon principal employeur en d’autres mots ; de fait, je peux réfléchir et travailler sur des projets très différents en toute sécurité. »

Vous êtes de cette trempe d’acteurs qui peut se détacher des personnages qu’ils jouent ou non ?

« Je ne crois pas aux acteurs possédés par leurs personnages. J’incarne des personnages, je peux rêver d‘eux parfois oui, mais je les quitte sans difficulté. Il est possible que l’on puisse avoir du mal à les oublier en effet, car une fois le tournage terminé, hormis pour des raccords en post-synchro, nous n’assistons pas au montage et à la post-production. L’arrêt est parfois brutal. J’ai rêvé c’est vrai de certains de mes personnages comme Gainsbourg…, plutôt des personnages qui ont existé tiens du coup… Il va faloir que je travaille ce cas de psychanalyse-là ! » Rires)

Quel(s) rôle(s) vous aimeriez jouer aujourd’hui ?

« J’ai envie d’incarner plein d’autres personnages différents ! Vous dire lesquels, je ne sais pas, il y en a beaucoup ! Des personnages épiques par exemple. Il est vrai que j’ai déjà fait de nombreuses choses, au théâtre notamment, mais j’ai encore plein de choses à vivre ! »

Propos recueillis par Christèle Boisseau-Potier
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Actualité :  En fanfare
Sortie le 29 novembre 2024